Instituée en 1951 par six pays, la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) démarre le processus d’intégration européenne. Le contrôle des ressources indispensables à l’industrie de guerre est désormais confié à une autorité supranationale, afin de rendre tout conflit armé entre ces pays « non seulement impensable, mais matériellement impossible »[1]. Le principe de base de cette intégration est également défini : plutôt que de viser immédiatement une construction d’ensemble, œuvrer à « des réalisations concrètes, créant d’abord une solidarité de fait »[2]. Des valeurs communes, précisées dans le Traité de Lisbonne, étayent cette construction : « L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités »[3].
Ces valeurs sont pourtant malmenées. Ces dernières années, le manque de solidarité entre pays européens sur la question migratoire et d’humanité face aux migrants, ainsi que la croissance des idées nationalistes et l’avènement de démocraties illibérales dans plusieurs pays ont illustré cette dégradation, dans un contexte où de trop nombreuses voix insistent essentiellement sur ce qui nous différencie voire nous divise.
Dans le même temps, la pandémie de Covid-19 a fait émerger de nouvelles solidarités de fait, comme la centralisation de la commande de vaccins ou encore l’emprunt commun pour financer les plans de relance avec des actions coordonnées via le « pacte vert pour l’Europe ». Les institutions européennes poursuivent également leurs efforts vers une certaine convergence sociale, comme l’illustre la récente directive sur des salaires minimum adéquats.
Le déclenchement de la guerre en Ukraine constitue un point de bascule dont il est difficile de prédire, une fois passée la phase de sidération, quelles seront les conséquences à long terme sur l’UE et le monde.
Mais ces événements dramatiques renforcent encore, si besoin était, la conviction que nous sommes confrontés à défis majeurs exigeant clairement des réponses européennes coordonnées. Plus que jamais, le moment est venu de débattre ensemble de ce qui, selon notre devise, nous unit dans la diversité.
[1] Robert Schuman, déclaration du 9 mai 1950
[2] Ibid.
[2] Article 2 du Traité sur l’Union européenne
Retour sur notre débat du 29 avril: compte-rendu et album photos
Rencontres Européennes Luxembourg
« Europe: ce qui nous unit »
Thème de la session 2022
Viviane Reding
Commissaire européenne (1999-2014), Vice-présidente de la Commission (2010-2014), Députée européenne (2014-2018)
Prof. Dr. Anna-Lena Högenauer
Institut de Science Politique, Université du Luxembourg
Date | vendredi 29 avril 2022 |
Lieu | Cercle Cité – Auditorium 3 rue Genistre L- 1623 Luxembourg |
18h00 à 20h00 | Conférence – entrée libre (Langue de travail : Français), |